L'ex-ministre de la Défense, figure du mitterrandisme, critique ouvertement la ligne économique du président et du gouvernement.
Voilà un appui qui comblera d'aise l'aile gauche du PS dans sa croisade contre la "rigueur". Paul Quilès, 71 ans, ex-ministre de la Défense, figure du mitterrandisme et désormais maire d'une petite commune du Tarn, fait la leçon à François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Invité du "Talk Orange-Le Figaro", il critique ouvertement les choix économiques et budgétaires du couple exécutif. Il estime que la seule issue pour sortir de la crise est de "faire une relance industrielle dans les domaines nouveaux". Allant plus loin dans la critique, il juge que "les moyens mis en ce moment (sur ces domaines nouveaux) sont assez homéopathiques par rapport à l'énormité de la tâche".
"La priorité en France en ce moment, contrairement à la petite musique que l'on entend, c'est bien de rompre avec une politique d'austérité qui entraîne un cercle vicieux. Ce n'est pas seulement moi qui le dis, mais un certain nombre d'économistes, y compris le FMI", argumente-t-il. "Au niveau européen, on a l'impression que les responsables ne comprennent pas ce cercle totalement vicieux?: la rigueur qui entraîne une baisse de croissance, qui entraîne une hausse du chômage, qui entraîne une baisse des recettes de l'État, qui entraîne une augmentation du déficit, une augmentation de la dette", ajoute l'ex-ministre, en évoquant à nouveau "un cercle vicieux complètement fou".
"Pour le mandat unique"
La solution ? La relance, donc, mais "pas n'importe comment". "En ce moment, en France, on a des taux d'emprunt extrêmement bas. Pourquoi, au niveau européen, ne décide-t-on pas de scinder en deux cette contribution à la dette ?", s'interroge l'ex-ministre, en suggérant de séparer les dépenses courantes des dépenses d'investissement. "Le 3 %, qui est un chiffre totalement théorique, serait alors un chiffre oublié", poursuit-il.
S'il rencontrait Hollande, Quilès aurait bien d'autres choses à lui dire. L'inflexion de la courbe du chômage fin 2013 promise en septembre par le président?? "Je faisais partie de tous les gens qui se demandaient s'il était bon de prendre des engagements de cette nature." Le non-cumul des mandats que le PS veut appliquer dès 2014, quand l'Élysée vise plutôt 2017 ? "Moi, j'étais pour l'appliquer depuis dix ans. (...) Je suis pour le mandat unique. Il ne faut pas jouer avec les engagements de cette nature."
S'il devait voir le président, Quilès lui parlerait sans doute aussi de dissuasion nucléaire, thème de son dernier livre, Arrêtez la bombe, paru fin février aux Éditions du Cherche Midi. "Contrairement à ce que l'on dit, ce n'est pas parce que la France dispose de l'arme nucléaire qu'elle va empêcher l'Iran et la Corée du Nord d'avoir aussi une arme", affirme l'ex-ministre en faisant valoir que beaucoup de responsables "disent qu'il faut désarmer progressivement". Quilès compte bien en convaincre Hollande.