La Crise le temps du bilan !
La Crise, le temps du Bilan !
La Crise a 5 ans et un bilan s’impose peut être comme le fait « Les Echos » pour en tirer des conclusions. Ce journal est loin d’être de gauche, il est plutôt fortement libéral et le moins qu’on puisse dire en lisant les titres ci dessous regroupés dans l’édition de ce 9 Aout 2012 c’est qu’il semble reconnaître la faillite de notre système capitaliste basé sur le libre marché.
Une analyse plus fine nous convainc d’ailleurs complètement surtout si l’on souligne ses omissions.
La crise a 5 ans Les Echos 09/08 | 07:00 Par Richard Hiault
Le 9 août 2007 marque le début d'une crise internationale qui n'est toujours pas résolue
Le 9 août 2007, les grandes banques centrales entrent en scène pour éviter une paralysie totale du marché interbancaire international. La raison : la suspicion sur la solidité des banques engluées dans la crise des "subprimes" américains.
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16 Decembre 2008 Les Taux d’intérêts USA sont ramenés à 0%.
30 Janvier 2009 Le PIB américain a reculé de 1% au 4 ème trim.
13 Février 2009 Le plan de relance américain de 787 MIlliards
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Chacun se souvient du 11 septembre 2001 avec les attaques terroristes du World Trade Center en mondovision. Peu se souviennent du 9 août 2007.
Et pourtant, les deux dates ont bien une portée universelle. La première marque l'avènement d'un monde plus dangereux, d'un monde occidental attaqué sur ses valeurs. La seconde, elle, marque probablement la fin d'un monde dominé par un capitalisme financier triomphant s'autorégulant, comme certains économistes anglo-saxons ont pu le croire. Ce jeudi 9 août 2007 restera dans la mémoire collective comme la journée où les banques centrales internationales sont entrées dans la danse pour calmer l'inquiétude des marchés face à ce qui allait devenir la crise des « subprimes ».
L'emballement de la suspicion
Tout est parti de l'annonce, dans la matinée, par BNP Paribas de la suspension de la valorisation de trois de ses fonds investis partiellement dans des titres adossés à des crédits immobiliers américains douteux (« subprimes »). Il n'en a pas fallu plus pour jeter la suspicion quant à la solidité réelle des banques. Face à la menace de blocage du marché interbancaire en Europe, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, alors en vacances, va prendre le problème à bras-le-corps. Il décide d'ouvrir les vannes. La BCE va répondre à toutes les demandes d'emprunt des banques pour un montant record de 94,8 milliards d'euros. La Banque d'Angleterre et la Banque nationale suisse interviendront à leur tour en ce sens. Le lendemain, la Banque du Japon et la Réserve fédérale américaine entreront aussi dans la danse. En deux jours, environ 330 milliards de dollars de liquidités auront été fournis au système bancaire international.
La plus grave crise que le monde a connue depuis la Grande Dépression des années 1930 avait débuté. Son épicentre : les Etats-Unis, où l'irresponsabilité des banques sera montrée du doigt dans les mois qui suivront. Avec en point d'orgue la faillite, en septembre 2008, d'un des plus grands établissements de Wall Street : Lehman Brothers. Menacé d'effondrement, le système bancaire parvient à se redresser grâce à l'aide des Etats et des banques centrales. La mobilisation internationale, via les sommets du G20 (voir ci-dessus), permet alors d'éviter l'effondrement total. La leçon de l'entre-deux-guerres a visiblement servi.
Reste que cette crise des « subprimes » va se transformer en une crise des dettes souveraines quelques années plus tard. Et, là, l'Europe en est au centre. Les programmes de dépenses publiques destinés à éviter la pire récession mondiale qu'aurait pu générer la crise des « subprimes » ont fragilisé un peu plus les grands pays industrialisés. Les grandes puissances rassemblées au sein du G7 voient la base de leur développement économique se lézarder. Les questions fusent. Assiste-t-on à la fin du monde occidental avec la toute-puissance des Etats-Unis ? Le monde capitaliste tel qu'il s'est développé depuis la dérégulation financière des années 1980 a-t-il vécu ? Cinq ans après, nul ne le sait.
RICHARD HIAULT
Quelles sont les omissions,
les non dit ?
L’univers de la finance a été effectivement ébranlé comme on le voit dans le montant des capitalisations boursières au 9 Aout de 2007 à 2012 qui ont chutées d’un facteur 3 par exemple pour CITIGROUP. Mais cela fait abstraction de ce qui s’était passé auparavant et ce depuis 1986 où la bourse et le CAC40 voit son indice multiplié par 6 jusqu’en 2007, en 20 ans. Alors que pendant les 20 années précédentes de 1966 à 1986 l’indice du CAC40 n’ a été multiplié que par 3 et donc 2 fois moins que de 1986 à 2007 où les bulles se multiplieront. Le Big Bang après 1986 a donc effectivement libéré la Finance ou plutôt la spéculation ce qui a favorisé l’apparition de multiple bulles dont on ne parle plus mais qui correspondent bien à une création fictive de biens et surtout de finances artificielles ou plutôt virtuelles qui ne demanderont qu’a se dégonfler. Ce qui s’est produit après 2007 en plusieures étapes et qui se fait encore ressentir dans la Crise de la Dette.
Cet abus de gains virtuels se concrétise par un retour normal à des valeurs plus concrètes. Cette analyse apparaît clairement dans les prévisions de Michel Rocard publiées dans le Nouvel Observateur du 19 dec 2007. Mais, à cette époque bien peu d’économistes en étaient vraiment conscients et surtout ni ne l’écrivaient ni ne le proclamaient. Ceci met en évidence le fait que l’économie n’est pas encore une science où alors a quelque chose qui pourrait être évalué à moins de 10% de scientifique si j’en juge par le nombre des économistes qui à la fois en acceptaient l’analyse et le diagnostique. Une science se mesure à ses prédictions et même aujourd’hui l’analyse manque encore de consensualité. Il semble que trop d’idéologie permet effectivement d’étouffer toute analyse réaliste.
Venons en à la Crise de la dette. Cette crise ne se manifeste de manière critique que pour les pays Européens de la zone Euro sur des états qui pour beaucoup apparaissaient justement vertueux comme l’Irlande ou l’Espagne et la dette dans ce cas ne semble pas à l’origine de la crise institutionnelle qui pour autant ébranle ces pays presque autant que la Grèce elle même par exemple. L’omission dans ce cas porte sur la spéculation financière qui par exemple pour l’Espagne est à travers l’immobilier la raison essentielle de sa Crise et comme un rappel de la crise des subprimes.
Tous ces pays de l’Euro ne peuvent pas s’en tirer à bon compte pour deux raisons qui ont trait au statut de sa Banque Fédérale qui contrairement à celle des USA ne peut pas réagir instantanément en proposant directement des liquidités à 0% donc sans intérêts pour piloter une politique économique de redressement. Il apparaît que le système de l’Euro qui impose un intérêt minimum structurel de 3% provoque une fuite extérieure qui diminue d’autant la progression espérée de la Production Intérieure Brute.
Il faut réformer la BCE dans sa gouvernance et ses objectifs pour pouvoir mieux piloter l’économie des pays Européens comme doit pouvoir le faire toute politique nationale.
Le problème des Banques est qu’elles sont incapables de se contrôler elles même. C’est demander à un préteur qui emprunte presque toute sa mise (à plus de 90%) de se limiter lui même dans son emprunt. Mais grâce à un tas de systèmes subsidiaires substitutifs techniques ou structurels plus ou moins miraculeux ceci peut être encore amélioré. Il y a là une contradiction insurmontable. C’est le fondement et la complexité même du système capitalisme qui est à la base de la spéculation. Le mot lui même de spéculation en français apparaît en soi comme très péjoratif alors qu’en anglais c’est le mécanisme de base générateur de progrès. C’est là toute la différence et elle est fondamentale.
Selon l'économiste et homme politique Raymond Barre, « la science économique est la science de l'administration des ressources rares. Elle étudie les formes que prend le comportement humain dans l'aménagement de ces ressources ; elle analyse et explique les modalités selon lesquelles un individu ou une société affecte des moyens limités à la satisfaction de besoins nombreux et illimités » (Economie politique, PUF, 1959). C’est un domaine des sciences sociales éminemment complexe qui ne supporte pas les simplifications édifiantes et où l’outil statistique est à manipuler avec précaution. Les facteurs instinctifs de survie et d’avidité ne simplifient en rien l’abord des problèmes.
Il y a du reste un vrai problème de démocratie concernant la politique économique des pays de la zone Euro comme le démontre le référendum de 2005 en France qui voit le non l’emporter pour aboutir finalement à un oui. C’est aussi le cas en Grèce où la Finance l’emporte aussi sur des décisions politiques. Il faut bien faire avancer la bonne décision au delà même des procédures politiques normales mais pas au prix d’un discrédit du régime politique fondamental. La gouvernance démocratique doit aussi s’imposer au niveau international et non pas la dérégulation comme depuis 1986.
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