Conséquences du Giscard Pompidou
Le Point 22/03/2012
Repères présidentiels : 1. Les mauvaises notes de la France
Les agences de notation envoient des signaux à propos de la note de la France. L'une d'entre elles lui a retiré le fameux triple a, qui permet d'emprunter à taux moindre. Les autres tournent autour et attendent, avant d'annoncer leurs décisions, la clarification de la situation politique française.
Cet état de choses déplaît aux Français et les inquiète : ces agences de notation ont-elles le droit de juger notre pays et l'abaissement de notre note risque-t-il de nous coûter cher ?
Le rôle des agences de notation est de fournir des informations aux détenteurs de capitaux tels que les fonds de pension, qui s'interrogent sur la situation des emprunteurs qui viennent leur demander d'utiliser leurs disponibilités pour financer leurs propres opérations. Sont-ils fiables ? Pourront-ils rembourser et payer les intérêts ? C'est une activité exercée entre des prêteurs et des emprunteurs, qui sont habituellement des institutions financières et des entreprises.
En voulant noter les grands Etats et la qualité de leurs dettes, les agences de notation sont sorties de leur rôle et, sans doute aussi, de leurs compétences. Jusqu'ici, les dettes des grands Etats étaient normalement remboursées, à l'exception d'événements historiques comme les guerres ou les révolutions, qui échappent aux prévisions des agences, et elles ne faisaient pas l'objet de spéculations quotidiennes.
Mais une évolution dangereuse s'est produite au cours des dernières décennies : de nombreux États se sont habitués à financer par l'emprunt le déficit permanent de leur budget et ont été conduits à emprunter à l'extérieur, sur le marché mondial, où les liquidités abondent, alors que jusque-là le financement de la dette publique était essentiellement intérieur: les bons du Trésor étaient souscrits par l'épargne française.
Si les agences de notation abaissaient les notes de la France, il n'y aurait sans doute pas d'effet mécanique, mais tout porte à penser que les prêteurs extérieurs n'accepteront de souscrire de nouveaux titres qu'à des taux plus élevés. Or ces coûts pèsent directement sur notre budget. On sait que le paiement des intérêts annuels de la dette française absorbe pratiquement la totalité du produit de l'impôt sur le revenu. Devant la montée des charges, la France serait acculée, comme nous le voyons dans d'autres États d'Europe, à effectuer des coupes sévères dans ses dépenses publiques et ses prestations sociales.
Ce n'est pas l'évolution des notations des agences qu'il faut redouter, mais la lumière qu'elle jette sur l'état désastreux de nos finances publiques.
La campagne présidentielle en cours paraît largement l'ignorer et l'opinion semble s'en satisfaire. Cette campagne se déroule, semble-t-il, dans l'ambiance "distributive" qui caractérise les élections françaises et que l'opinion approuve de ses votes, en se contentant des promesses et en imaginant qu'il existe quelque part une "caisse noire" pour les financer.
La gauche française a oublié la rigueur de Pierre Mendès France, la droite, le respect des grands équilibres d'Antoine Pinay et de Raymond Barre.
La France n'a plus les moyens d'employer un vocabulaire "distributif", mais elle doit redécouvrir l'usage du terme "redressement", comme au moment du retour au pouvoir du général de Gaulle, lors de l'agonie de la IVe République, en 1958.
La gestion de ce redressement sera difficile, car il serait imprudent de vouloir effacer dans une courte période - un an ou dix-huit mois - les effets de plusieurs décennies de gestion laxiste financées par l'emprunt. Le risque d'une action trop brutale serait d'enfoncer dans la récession un pays qui compte près de 10 % de chômeurs.
Mais la direction doit être rigoureusement tracée : celle d'un retour progressif à l'équilibre intérieur et extérieur, mettant fin aux promesses dépensières et au "déblocage" de crédits inexistants, et permettant à notre pays de retrouver la vigueur, l'activité et la créativité dont il ressent en lui-même, peut-être sans se l'avouer, l'exigeante nécessité.
Mes Remarques sur le Taux de croissance du PIB en France :
Comme on le voit ci dessus, j’encadre le Taux de croissance moyen dans une bande rose qui me permet de mieux illustrer l’ évolution de sa valeur sur le long terme.
De 1960 à 1975 le Taux de croissance du PIB en France à une valeur moyenne entre 5 et 6 %. Depuis 1975 sa valeur est entre 2 et 3 %. (dans ce dernier cas je ne tient pas compte de la perte du Taux de croissance dû aux différentes crises en écrémant celles ci ).
Il y a donc en 1975 une chute quasi discontinue du Taux de croissance de 3% juste après la loi Giscard Pompidou de 1974 supposée nous éviter un endettement trop important.
Or, il se trouve que le diagnostique de ce qui s’est produit est directement ce que souligne Giscard lui même ci dessus en rouge (de nombreux États se sont habitués à financer par l'emprunt le déficit permanent de leur budget et ont été conduits à emprunter à l'extérieur, sur le marché mondial). Les intérêts associés sont donc directement perdus étant versés à l’étranger au lieu de rester en France. De plus se passer de l'outil d'emprunt pour stigmatiser la croissance est sans doute un handicap.
Et depuis 1974 on n’a plus jamais pu obtenir des Taux de croissance au dessus de 4% sauf deux petits pics ponctuels en 1976 et 1986 (en bleu).
Cette somme, comme celle de l’évasion fiscale qui est du même ordre de grandeur, est une perte nette qui quitte définitivement l’économie française.
En France si le PIB est de l’ordre de 2.000 milliards d'euros par an ces intérêts se montent à 60 milliards d'euros qui sont directement versés à l’étranger du fait de la loi Giscard Pompidou et ceci représente une perte sèche qui est même du ordre de grandeur que celui du Taux de croissance du PIB. C’est donc inestimable et incompréhensible pour qu’on puisse continuer à les distribuer directement en pure perte à des investisseurs étrangers.
Il y a là quelque chose que je ne comprends pas ? Je dois me tromper quelque part ?
Et pourtant c’est là et depuis 1974 sans poser de problème !!!
Cette cassure en 1975 ne semble pas se manifester de manière aussi évidante en GB.
Il semble que depuis 1955 le Taux de croissance en moyenne reste entre 2 et 4% sauf pour des pics isolés qui correspondent par exemple à ceux des crises.
On reporte ci dessous la même courbe du Taux de Croissance du PIB en France.
Il y a un avant et un après 1975. Le Taux de croissance du PIB de la France chute nettement de 5 à 2 définitivement dans un rapport de 2,5. Ce n’est pas le cas du Taux de croissance du PIB de la Grande Bretagne.
On peut aussi voir cette même cassure en 1975 sur le Taux de Croissance de la Production Industrielle en France qui elle aussi marque cette même cassure de pente ci dessous et ce dans un rapport de 2,6.
Dupont Aignan nous a aussi montré dans l’émission « Des paroles et des Actes » que c’est la 4ème république qui a diminué le plus sa Dette publique relativement à son PIB et que c’est à partir de la loi Giscard-Pompidou de 1973 que cette Dette n'a cessé de croître. Elle ateindra les 20% en 1980 au départ de Giscard pour sortir des limites de 60% imposées par l’Europe à partir de 2003 sous le gouvernement Raffarin avec Sarkozy pour dépasser les 80% dernièrement en 2010.
Il y a sans aucun doute un changement complet à partir de 1975
Commentaire : 20
Réponse à bryval: 22
Le surendettement est une catastrophe bien souvent provoqué par des usuriers. Ce n’est pas une raison pour se laisser prendre. Mais depuis Crésus même les religions ont essayé de bannir les intérêts associés aux prêts sans grand résultat. Et, ce levier de distribution du capital est la base même de notre système financier. Mais aujourd’hui et depuis 1974 le système libéral, en France puis en Europe, a délégué aux banques privées le pouvoir de créer la monnaie sous la seule supervision des banques fédérales ou centrale et l’on a vu le résultat en 1986, puis bien plus en 1997, sur l’inflation qui s’est manifesté sur les indices de toutes les bourses du monde avec pour final la crise des années 2000.
Mais, on ne peut pas arrêter la machine du progrès. Le système libéral est basé sur ces deux principes : la loi du marché que l’on suppose autorégulé, et, la libre distribution du capital que l’on espère non usurier. Ce sont des qualités qui sont bien loin d’être vérifiées et l’on ne peut pas espérer que l’état ou la nation ou la communauté soit au dessus et hors des règles mais ils se doivent de donner l’exemple.
Mais, revenons au problème de la France et du choix fait par notre premier ministre Giscard d’Estaing en 1974. On voit bien en traçant des lignes de niveau bien grasses à 5 et 6% jusqu’en 1975 et à 2 et 3 % après 1975 jusqu’en 2010 sur la courbe sur la courbe du web "taux de croissance du PIB, France" qu’il y a un avant et un après 1975 quand au Taux de croissance du PIB en France. Cette loi Giscard-Pompidou n’a jamais eu l’effet escompté, ni sur l’endettement de l’état comme il le reconnaît, ni sur le Taux de Croissance de la France.
Et, malheureusement distribuer à l’étranger des intérêts est une perte directe, qui à l’époque semblait négligeable, et que bien des grands états ne sont pas prés d’accepter et qui semble avoir été et être encore un handicap certain. Comme une dette de l’état majoritairement aux mains des étranger depuis 2004 est inadmissible.
Mais, le pilotage d’un état ne peut se dispenser des outils économiques qui font tourner la machine, et cela est vrai pour tous, vous et moi.
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